Les pièces de monnaie genevoises étaient-elles fabriquées à l'Hôtel de la Monnaie, rue de la Monnaie à Genève, et à quelle époque ?

Réponse

Bonjour,

Nous vous remercions d'avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :

Le site des Noms géographiques du Canton de Genève donne un bref historique de la frappe de la monnaie en parlant du « Passage de la Monnaie » :

« Les évêques commencèrent à frapper monnaie au XIe siècle, ils trouvèrent un concurrent dans le comte de Savoie qui ouvrit un atelier à Cornavin en 1448. A partir de 1535, la ville émit ses propres monnaies.

Après la Réforme, vers 1543, on fit de la chapelle de Notre-Dame-du-Pont ou plutôt de l'hospice qui lui était annexé, l'Hôtel de la Monnaie genevoise. Ce bâtiment donnait à la fois sur les rues de la Confédération et de la Monnaie actuelles. De là, l'application de ce nom à cette dernière et à la porte qui s'ouvrait sur la Corraterie et qui fut démolie en 1831. C'est au-dessus de la porte de la Monnaie qu'habitait le fondeur d'étain Pierre Royaume, mari de la célèbre mère Royaume.  »

Bernard Lescaze dans Genève, sa vie et ses monnaies aux siècles passés indique page 31 :

« La décision officielle de battre monnaie fut prise par le Conseil des Deux-Cents le 24 novembre 1535. »

Puis nous lisons en page 32 : « L'atelier, situé d'abord devant Saint-Pierre, fut transféré en 1543 au bas de la Cité derrière l'hôtellerie des Trois-Rois. Il quitta cet emplacement en 1681 et changea de locaux plusieurs fois au cours du XVIIIe siècle. »

On trouve plus de précisions dans l'ouvrage Genève, espaces et édifices publics publié sous la direction d'Isabelle Brunier et disponible en ligne. En particulier, dans le chapitre Les lieux de frappe des monnaies genevoises sous la plume de Matteo Campagnolo. Une introduction décrit la frappe de monnaie genevoise avant 1535 que nous citons partiellement ci-dessous car elle permet de comprendre le contexte :

Page 25 : « A l’époque burgonde, Genève frappe monnaie subsidiairement, l’atelier monétaire principal se trouvant à Lyon, ainsi que l’atteste la Lex Burgundionum. […]
Genève devint un lieu de production monétaire à la fin du Xe siècle. Des deniers sont attestés au nom de Rodolphe III de Bourgogne (993-1032). […] Sous le règne de ce même roi, l’évêque ouvrit un atelier monétaire. La production ne devait pas être continue, mais il n’y a pas lieu de penser qu’elle ne fut dictée et contrôlée de près par l’évêque. Les premières monnaies datent de l’an 1020 environ. Vers le milieu du XVe siècle, il semble que les évêques renoncèrent définitivement à frapper monnaie »

Page 27 : « Les problèmes de production venaient de ce que les évêques avaient souvent fort à faire pour défendre leur prérogative de posséder la régale exclusive de la monnaie pour le diocèse. Les comtes de Savoie avaient favorisé l’atelier de Nyon, du temps d’Amédée V à la fin du XIIIe siècle, faisant concurrence à celui de Genève. Puis il y eut Annecy, où le comte Pierre de Genève établit un atelier en 1356. Le coup de grâce à l’atelier genevois vint d’Amédée VIII. Quand il devint administrateur du diocèse, après avoir déposé la tiare papale, il ouvrit un atelier monétaire à Cornavin (1448), sur les terres ducales, juste en dehors des murailles du bourg de Saint-Gervais. Cet atelier fut dès lors le seul en activité sur le territoire actuel du canton et de la ville jusqu’à la conquête de l’indépendance genevoise. Il fut officiellement fermé en 1532 par le duc. Le dernier maître de la monnaie de Cornavin se transféra à Genève avec son matériel.

Trois ans plus tard, la République de Genève ouvrait sa "Maison de la Monnoye" (comme l’appelle le Registre du Conseil au XVIe siècle), autant pour pallier le manque de numéraire en circulation, qui devenait un problème aigu, que pour affirmer sa souveraineté. […] Cette décision intervint avant la fin de l’année 1535. A partir de ce moment-là, le Petit Conseil s’occupa de l’emplacement et de la bonne marche de l’atelier monétaire. »

A la page 27 toujours et sous le titre de La Monnaie de Genève, des éléments de réponse à la question sont fournis :

« Vers 1307, l’atelier de frappe fut installé dans la maison épiscopale de Longemalle. Il y resta jusqu’en 1334. Durant les deux siècles qui suivirent, la monnaie fut frappée dans le palais de l’Evêché (à l’emplacement de l’actuelle terrasse Agrippa-d’Aubigné). L’atelier monétaire y demeura peut-être après l’adoption de la Réforme, ou en tous cas près de la cathédrale. Ce lieu, apparemment, ne convenait pas. Le premier maître de la monnaie, Claude Savoye, ancien syndic et premier syndic en 1536, et ancien maître de la monnaie de Cornavin, chercha rapidement des locaux pour l’atelier monétaire. A sa demande, en 1537, puis en 1541, à celle de son successeur, Jean Goulaz, également ancien maître de la monnaie de Cornavin, le Conseil étudia la possibilité d’installer la monnaie dans la tour de l’Ile, sans y donner suite. Mais le bruit dérangeait toujours le Consistoire et le tribunal ; le Conseil, lors de sa séance du 16 novembre 1543, examina la possibilité de transférer l’atelier à l’hôpital Saint-Jacques du pont du Rhône, désaffecté depuis quelques années, au bas de la Cité. Avant la fin de l’année, l’atelier y fut installé […]. Il devait y rester un siècle et demi.  »

Page 28 nous lisons encore : « En 1675, l’édifice menaçait de s’écrouler; il fut en partie évacué et vendu. Le 20 juillet 1681, le Conseil décida que la monnaie serait transférée dans la maison de Saint-Aspre, à proximité de l’Arsenal et de l’Hôtel de Ville.  »

Pour aller plus loin, vous pouvez également consulter les sources suivantes :

- Les articles sur la « Monnaie » et la « Frappe monétaire » parus dans le Dictionnaire historique de la Suisse (DHS) pourraient vous intéresser

Notre service à des questions sur ce thème :

- « J'aurais aimé savoir où était située exactement la porte de la Monnaie, là où la Mère Royaume a versé le contenu de la marmite sur les assaillants », question posée en juin 2018

- « Pourquoi les monnayeurs ne payaient-ils pas d'impôts ? », question posée en janvier 2016

Enfin, vous trouverez sur mirabilia une fiche objet sur la pièce d'argent  "Genevoise" ou "dix-décimes"  datant de 1794, ainsi qu'un Piéfort de quatre thalers  de 1593

Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N'hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d'information ou toute autre question.

Cordialement,

La Bibliothèque de Genève

Pour www.interroge.ch

  • Dernière mise à jour 11/09/2023
  • Vues 2
  • Répondu par Isabel Guerdat

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